Alexandra
Mécanicienne-monteuse

À 38 ans, Alexandra a changé de vie. De la couture à la mécanique, elle a changé de métier et d’univers. Elle n’a cessé d’apprendre au point d’assembler intégralement des machines et de former des collègues. Son énergie est contagieuse. “Il faut juste avoir envie. Le reste, ça s’apprend.”

“J'ai été formée dès mon arrivée. Maintenant, je forme aussi les nouveaux.”
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Alexandra
Mécanicienne-monteuse
“J'ai été formée dès mon arrivée. Maintenant, je forme aussi les nouveaux.”

À 38 ans, Alexandra a changé de vie. De la couture à la mécanique, elle a changé de métier et d’univers. Elle n’a cessé d’apprendre au point d’assembler intégralement des machines et de former des collègues. Son énergie est contagieuse. “Il faut juste avoir envie. Le reste, ça s’apprend.”

Qui est Alexandra ?

• Alexandra a basculé de l’Est à l’Ouest. Elle a grandi dans les Ardennes et, depuis six ans, elle vit en Vendée.

• Après avoir travaillé dans la restauration et la couture, elle a découvert l'industrie à la suite d’un défi amusant lancé par son mari.

• À 38 ans, elle devient mécanicienne-monteuse chez Rabaud, fabricant vendéen de matériels agricoles, forestiers, viticoles et BTP.

• Alexandra a débuté sans aucune formation technique. Aujourd’hui, elle forme les nouveaux arrivants.

• Son état d’esprit : "Les obstacles, bien souvent, nous les créons nous-mêmes."

Vous évoquez vos débuts dans l’industrie en évoquant un petit défi lancé par votre mari.

Oui, c’est vrai. J'étais titulaire d'un diplôme dans les métiers de la mode et lorsque je suis arrivée en Vendée j'ai débuté comme couturière.

Cela vous plaisait ?

Pas vraiment. Ce monde de femmes, et moi assise tout le temps sur ma chaise, ce n’était pas vraiment pour moi. Et donc un jour, en rigolant, mon mari me dit: “Il y a des “portes ouvertes” dans l’entreprise où je travaille.” Et il ajoute qu’il ne me voit pas du tout en usine. C’est là que je me suis dit: “Je vais y aller”.

Et alors ?

J’ai découvert l’univers de l’industrie et ça m'a vraiment bien plu. J’ai eu envie de me lancer et, depuis, je m’épanouis dans mon travail.

De la couture à l’industrie, c’est quand même une vraie bascule professionnelle. Mais ce n’était pas la première fois pour vous.

C’est vrai. Auparavant, j’avais travaillé en boulangerie et en restauration mais jamais en usine. Puisque mon mari me lançait un petit défi, j’ai eu envie de lui montrer que, moi aussi, j‘étais capable de faire de la mécanique.

Sans rien n’y connaître ?

Oui, sans rien n’y connaître. Par exemple, je ne connaissais pas le nom des clés ou les différences entre les vis. Mais j’avais l’envie. Je ne partais de rien mais l’entreprise m’a donnée ma chance. Elle m’a formée au point qu’aujourd’hui je forme les nouveaux collègues qui arrivent.

Vous vous êtes vite sentie à l’aise?

Non, ça a été un peu compliqué au début car je suis arrivée pendant le Covid, donc masquée. Je voyais bien que certains pensaient “Elle n’y arrivera pas”. Mais plusieurs personnes ont été bienveillantes et m’ont dit “Je vais t’aider”. Et maintenant, j’aide également mes collègues. Ça, c’est rigolo.

"Il ajoute qu’il ne me voit pas du tout en usine. C’est là que je me suis dit: “Je vais y aller”."

"Et maintenant, j’aide également mes collègues. Ça, c’est rigolo."

En trois ans, vous avez vite appris.

C’est vrai. Aujourd’hui, je monte des machines de Aà Z.

Vous les montez entièrement ?

Oui, entièrement. C’est un gros Lego en fait (sourire). J’ai toutes les pièces détachées et je les monte comme un gros Lego.

On sent que ça vous plaît.

Oui, c’est vrai. Dans mon métier, j’aime particulièrement ne jamais faire la même chose. Les journées passent très vite, je ne m’ennuie pas. On fait des prototypes, on donne notre avis, on est écouté et c’est valorisant. Il y a une bonne entraide, une vraie cohésion. Je n’ai jamais retrouvé ça ailleurs.

Pourtant, vous êtes la seule femme au montage ?

Oui, la seule dans mon secteur mais il y en a une dans un autre atelier montage, une au service technique, deux en peinture, trois au magasin, une au pliage et deux au laser. Ce n’est pas encore beaucoup. Au début, un collègue m’avait dit : “Si on commence à prendre des femmes ici, on n’a pas fini”. Ça m'avait un petit peu refroidie. Mais depuis, il a vu comment je travaillais et il a changé d’avis. Et puis, j’ai d’autres collègues qui se sont dit : “Pourquoi pas ? Ce métier est autant fait pour les femmes que pour les hommes.” Ils voient bien qu’on est capables.

Et votre mari qu’est-ce qu’il dit de tout ça ?

Mon mari est assez fier et il le dit souvent. Mes filles aussi le sont. Moi aussi, je suis contente de mon parcours. J’ai commencé derrière une machine à coudre et, depuis, j'ai fait tout ce chemin. Merci à mon mari de m’avoir lancé ce défi, ça m'a permis de voir d'autres choses.

Et maintenant, vous avez envie d’évoluer ?

Oui. J’en ai parlé à mon responsable. Avant, je voulais rester en retrait. Maintenant, je veux évoluer. Il n’y a pas de portes fermées. Il faut savoir les franchir.

"Il y a une bonne entraide, une vraie cohésion. Je n’ai jamais retrouvé ça ailleurs."

"Il n’y a pas de portes fermées. Il faut savoir les franchir."

Qu’est-ce que les femmes peuvent apporter à l’industrie ?

De l’entraide, du dynamisme, une autre façon de voir les choses. Pas seulement avec la force. Nous sommes plus pédagogues. On prend le temps d’expliquer.

Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille de 20 ans ou une femme de 40 ans qui songe à l’industrie ?

Va sur ce que tu aimes et ce qui te donne envie. Il n’y a pas de métiers d’hommes ou de femmes. Et il ne faut pas avoir peur de recommencer à zéro, à n’importe quel âge.