Cindy
Technicienne méthodes

Cindy a renoncé à son cursus dans un lycée général pour une formation technique avant d’intégrer un atelier d’usinage. Son parcours atypique montre à quel point elle a su suivre l’élan de sa curiosité jusqu’à exercer un métier-passion. "Je ne changerais rien" ajoute-t-elle dans un sourire.

“Au début, j’étais un extraterrestre. Aujourd’hui, je me sens utile.”
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Cindy
Technicienne méthodes
“Au début, j’étais un extraterrestre. Aujourd’hui, je me sens utile.”

Cindy a renoncé à son cursus dans un lycée général pour une formation technique avant d’intégrer un atelier d’usinage. Son parcours atypique montre à quel point elle a su suivre l’élan de sa curiosité jusqu’à exercer un métier-passion. "Je ne changerais rien" ajoute-t-elle dans un sourire.

Qui est Cindy ?

•Cindy découvre le métier de tourneur-fraiseur en visitant un lycée pro.

• À 17 ans, elle renonce à son bac scientifique pour s’orienter vers un bac professionnel en usinage.

• Dans cette formation, elles ne sont que 2 filles parmi 450 élèves.

• Chez Utechméca où elle travaille depuis 15 ans, Cindy a occupé de nombreux postes techniques, du tour à la qualité en passant par les méthodes.

• Aujourd’hui, elle milite pour voir davantage de femmes s’engager dans des métiers qu’elle juge utiles et valorisants.

• Son état d’esprit: "L’industrie est un secteur fascinant et les femmes y ont toute leur place.”

Comment avez-vous découvert votre métier ?

Lorsque j’étais au lycée, je ne savais pas trop ce que je voulais faire plus tard. J'avais des idées comme devenir laborantine. Toutefois, j’allais régulièrement à des portes ouvertes organisées dans des lycées professionnels. Et un jour, j’ai vu une machine qui “usinait” la matière et créait des courbes. J’ai trouvé ça incroyable. C’était magnifique, c’était de l’art. J’ai tout de suite su que je voulais faire ça.

Au point de vous réorienter.

Oui. J’étais en première scientifique. J’ai tout stoppé et je suis partie faire un bac pro. Je ne le regrette pas. Ce n’était pas un choix par défaut. Je savais pourquoi je venais. C’est la première fois qu’il y avait quelque chose qui m’intéressait.

‍Vos parents vous ont-ils soutenue ?

Ma mère avait peur. Elle m’a dit: “Es-tu certaine que tu auras ta place ? ”. Mais mon père a répondu: “Mais si ça l’intéresse ?” Et finalement, ils m’ont fait confiance et ils ne l’ont pas regretté.

Combien de filles étiez-vous dans votre formation ?

Nous étions 2 filles sur 450. J’ai eu l’impression d’être un extraterrestre pendant un mois. Mais finalement, ça s’est plutôt bien passé. Les garçons se sont habitués à notre présence. J’ai eu beaucoup de soutien de la part des professeurs mais aussi des élèves de ma classe.

Dans un univers professionnel majoritairement masculin, avez-vous dû vous imposer ?

Il est certain qu’on nous attend un peu lorsqu’on est une femme. On se demande ce qu’on fait dans ce secteur. Mais j’étais motivée. J’aimais ce que je faisais. J’ai eu de la chance car j’ai fait tous mes stages dans la même entreprise. J’ai donc pu bien apprendre et j’ai été bien soutenue. Ensuite, j’ai été embauchée chez Utechméca, une entreprise de mécanique de précision. Depuis 15 ans, je n’ai jamais quitté cette société.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez été recrutée ?

Ma motivation, je crois. J'étais très motivée. J'aimais ce que je faisais et je crois que c’est un discours que les entreprises n’entendent pas souvent. La plupart des gens viennent, déposent leur CV et restent sur des échanges professionnels ou techniques lors des éventuels entretiens. Rien de plus. Ils ne partagent pas forcément leur passion pour leur métier. C'est un peu triste car nous avons un métier extraordinaire.

"Ce n’était pas un choix par défaut. "

"C'est un peu triste car nous avons un métier extraordinaire."

Depuis vos débuts, vous avez beaucoup évolué.

Oui. J’ai commencé comme tourneuse. Ensuite, je me suis intéressée au contrôle et à la qualité. Puis aujourd’hui aux méthodes. L’entreprise m’a toujours fait confiance et j’ai eu les opportunités d’évoluer et de basculer vers de nouveaux postes.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans ces métiers ?

Je me sens utile. Je n’ai jamais l’impression de faire un métier redondant. J’apprends tous les jours de nouvelles choses et j’en apprends également aux autres. Je ne me considère pas comme plus intelligente que quelqu'un d'autre, mais tous les jours je deviens un peu plus intelligente grâce à mon métier. J’aime toujours apprendre et découvrir de nouvelles choses.

Participez-vous à des salons d’orientation ?

Oui, je fais des salons pour les jeunes. J’essaye de leur dire que la mécanique est présente partout dans leur vie. Malheureusement, les filles ne viennent pas souvent sur nos stands. Pourtant, celles avec qui nous avons l’occasion d’échanger sur ces salons nous interrogent et nous posent tout de suite les bonnes questions. Elles voient l’essentiel.

Qu’aimeriez-vous dire justement aux jeunes filles ou aux femmes en reconversion ?

Il y a tellement de postes différents dans l’industrie que nous sommes “obligées” de trouver notre place. Oui, les femmes ont toute leur place dans l’industrie. Il y a de la place pour tout le monde. On a besoin de techniciens. Et encore plus de techniciennes.

On vous sent épanouie.

Oui, je ne changerais rien. Tout ce que j’apprends en entreprise est hyper-valorisant pour moi. J’apprends à trouver des solutions et c’est toujours utile dans la vie. Par exemple, j’ai fait tous les plans de ma maison. C’est très satisfaisant de pouvoir faire ça soi-même.
Et puis, mon emploi du temps professionnel me permet de m’occuper de mes enfants en fin de journée, et d’avoir une activité sportive.

À vous écouter, on peut croire que l’industrie porte une attention particulière aux femmes.

Oui, l’état d’esprit a évolué. Les entreprises découvrent - même si je ne la trouve pas assez importante - une évolution du nombre de femmes en formation et postulant dans les métiers de l'industrie. Même si nous sommes encore peu nombreuses dans nos métiers, les opportunités sont aujourd’hui ouvertes à tout le monde, et en tant que femmes, nous avons parfois une approche différente et notre petite touche de féminité à apporter.

"J'ai eu les opportunités d’évoluer et de basculer vers de nouveaux postes."

"On a besoin de techniciens. Et encore plus de techniciennes."

Pour vous, l’industrie semble avoir été un bon choix.

C’est vrai. Mêm es’il y a eu des hauts et d’autres moments plus bas, tout se passe bien. J’ai même des amies qui ont rejoint l’industrie. L’une d’entre elles est devenue régleuse dans une entreprise d’usinage. Elle fait moins d’heures que dans ses précédentes fonctions, elle a gagné en salaire et elle apprend tous les jours. Elle est satisfaite de ce changement et épanouie dans son nouveau métier. Vous voyez, je ne suis pas la seule ! (sourire).