Ludivine
Technicienne fraisage

Ludivine a passé 17 ans à faire des coupes de cheveux avant de couper du métal et de le fraiser. À presque 40 ans, elle a radicalement changé de vie. Sans peur, ni regrets. Elle évoque sa reconversion comme un défi personnel. Un défi bien accompli et bien assumé.

“C’était le moment de m’occuper de moi. Et je ne regrette rien.”
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Ludivine
Technicienne fraisage
“C’était le moment de m’occuper de moi. Et je ne regrette rien.”

Ludivine a passé 17 ans à faire des coupes de cheveux avant de couper du métal et de le fraiser. À presque 40 ans, elle a radicalement changé de vie. Sans peur, ni regrets. Elle évoque sa reconversion comme un défi personnel. Un défi bien accompli et bien assumé.

Qui est Ludivine ?

• Ludivine a été coiffeuse pendant 17 ans… avant de s’orienter vers l’industrie.

• Un bilan de compétences décevant et une rencontre fortuite l’ont menée à l’usinage.

• Elle a osé écrire à ERMO pour demander une journée découverte.

• Aujourd’hui, elle est fraiseuse sur des pièces de haute précision, et s’épanouit dans un univers masculin.

• Elle a été la première femme au fraisage dans son entreprise.

• Son état d’esprit: “Ce qui ne te tue pas te fait grandir.”

Tu as passé 17 ans dans la coiffure. Pourquoi avoir changé de voie ?

La coiffure est un métier qui ne paye pas extrêmement bien et il n’est pas toujours très valorisé. J’avais donc envie devoir autre chose. J'aimais mon métier, j'étais bien mais c’était le moment de penser à moi. J'avais eu deux enfants et là, il me semblait essentiel de m'occuper de moi.

Tu savais déjà ce que tu voulais faire ?

Pas du tout. J’ai un peu erré : le GRETA*, quelques présentations de métiers... Et puis un jour dans les couloirs, je croise une dame qui me dit "Vous ne voulez pas devenir tourneur fraiseur parce que j’ai pas mal d’offres d’emploi ?" Je lui ai répondu : “Non. Mon papa l’était et je ne veux pas faire ça." Mais je voulais un métier avec des débouchés. Alors, finalement, je me suis dit : “Pourquoi pas ?” et je me suis lancée.

* Structure de l'Éducation nationale qui organise des formations pour adultes.

Et donc qu’as-tu fait ?

J'ai envoyé un courrier pour faire une journée découverte chez ERMO, une société leader dans la fabrication de moules haute précision. Ils m’ont répondu favorablement. Je me suis dit que j’allais me lancer dans l'aventure. C'était un vrai challenge pour moi. Toutefois, il faut dire qu’en formation, je touchais le même salaire qu’en coiffure. Donc je n'avais pas peur de perdre ma rémunération.

La formation était-elle difficile ?

Non, pas du tout. Je me suis toujours considérée comme une personne qui sait s’adapter. J’aurais très bien pu faire autre chose. J’ai choisi de suivre une formation à l’AFPA*. J’ai obtenu deux diplômes : un titre professionnel et un CQPM (Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie). Ermo m’a gardée et c’est parti comme ça. Cela fera bientôt 7 ans que j’y travaille.

* Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes.

Au début, tu étais la seule femme ?

Oui. En fraisage, il n’y avait que moi. Il y en avait déjà des femmes en polissage, mais pas en fraisage. J’ai été la première et ça apporte peut-être un peu de fraîcheur même si je ne suis peut-être pas très douce parfois (sourire).

Justement quelle est l’ambiance dans l’atelier ?

J’ai une bonne équipe, une bonne ambiance. J’ai un chef qui m’a beaucoup soutenue. Il m’a aidée à m’intégrer, à me sentir bien. Je n’ai pas été dénigrée ou rabaissée. Non, vraiment pas. Depuis le début de ma reconversion, ça va bien.

"En formation, je touchais le même salaire qu’en coiffure."

"J’ai un chef qui m’a beaucoup soutenue."

Qu’aimes-tu dans ton métier ?

Je ne viens pas à reculons, parce que je sais qu’avec mes collègues, je suis bien. Je peux compter sur leur aide. Et puis, j’aime chercher le “truc”, les petites cotes, les centièmes à venir chercher. C’est tout un ensemble de détails que j’aime.

Tu sembles avoir trouvé ta place ?

Ah oui, complètement. On est deux fraiseuses maintenant. Je pense qu’on apporte une autre vision du métier. Souvent, j’entends nos collègues masculins dire : “On n’aurait pas pensé comme ça."

Et si tu devais recommencer ?

Je travaillerais deux fois plus à l’école et je ferais deux fois plus la fête.

C’est compatible ?

Oui, tout est faisable (sourire). Si j’avais commencé plus tôt, j’aurais peut-être une meilleure place car c’est un secteur où il y a de belles perspectives d'évolution. Non, je ne regrette rien. Vraiment pas.

"Je pense qu’on apporte une autre vision du métier."