Tamara
Ingénieure électronicienne

Tamara rêvait d’art et de cinéma. Mais finalement c’est dans les cartes électroniques qu’elle a trouvé son équilibre. Ingénieure électronicienne dans le spatial, elle revendique haut et fort sa passion pour la rigueur, les casse-têtes et les chemins de traverse. “Rigoureuse ne veut pas dire austère”, ajoute-t-elle en précisant qu’elle aime peindre, chanter du métal et fabriquer des roues de vélo.

“Je n’ai peut-être pas la tête de l’emploi, mais c’est mon job.”
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Tamara
Ingénieure électronicienne
“Je n’ai peut-être pas la tête de l’emploi, mais c’est mon job.”

Tamara rêvait d’art et de cinéma. Mais finalement c’est dans les cartes électroniques qu’elle a trouvé son équilibre. Ingénieure électronicienne dans le spatial, elle revendique haut et fort sa passion pour la rigueur, les casse-têtes et les chemins de traverse. “Rigoureuse ne veut pas dire austère”, ajoute-t-elle en précisant qu’elle aime peindre, chanter du métal et fabriquer des roues de vélo.

Qui est Tamara ?

• Tamara voulait faire de l’art mais elle a choisi la prépa scientifique.

• En prépa, elle se passionne pour l’électronique en cours de physique.

• Elle travaille dans une entreprise qui conçoit des électroniques pour les satellites.

• Le week-end, elle continue de peindre et de chanter : jazz, rock, blues…elle étudie aussi des techniques vocales comme le scream.

• Dans une carte électronique, Tamara voit toujours une œuvre d’art.

• Son état d’esprit : “Ce qui m’intéresse, c’est de faire circuler les idées dans ma tête, comme les signaux sur les cartes électroniques.”

Tu voulais faire de l’art et tu te retrouves dans l’électronique. Pourquoi et comment ?

Lorsque j'étais au collège et au lycée, j’envisageais une carrière artistique. J'ai toujours dessiné et peint. Mes amis m'encourageaient. Je voulais même faire une école de cinéma mais j'ai connu une série de désillusions. Alors j’ai écouté mon prof de maths qui me proposait la prépa. Je me suis dit “Finalement, pourquoi pas ? Si ça peut m’ouvrir plus de portes…”. Je pensais faire de l’informatique pour aller vers la programmation de jeux vidéo mais j’ai découvert que l’algorithmique n’était pas trop ma tasse de thé. En revanche, j’ai découvert la physique et l’électronique et j’ai beaucoup aimé.

Jusqu’à basculer dans une école d’ingénieurs ?

Oui et là aussi ça m’a beaucoup plu. Je me suis rendu compte que je pouvais faire de l’art à côté, que ce n’était pas du tout opposé. Je crois que je suis une artiste très cartésienne.

Et aujourd’hui, que fais-tu précisément ?

Je travaille dans une entreprise qui réalise des équipements électroniques pour le spatial, des ensembles de cartes pour des missions scientifiques ou d’observation de la Terre. Moi, je suis dans le pôle R&D. On intervient en support technique, sur des anomalies ou la mise en place de nouvelles technologies. Je me suis un peu retrouvée à faire plusieurs choses. Plus récemment, c’était le design de PCB.

Qu’est-ce que ça veut dire PCB ?

PCB, ça veut dire Printed Circuit Board, c'est une carte électronique. On y trace des pistes reliant les composants. C'est un domaine où on est à mi-chemin entre l'art et l'électronique. C’est un casse-tête, il faut faire transiter les signaux de manière fluide et respecter les contraintes. Et on n’en fait jamais deux pareilles. Un jour, un formateur m’a dit qu’un PCB, c’est comme une œuvre d’art. En général, quand c’est joli, c’est que ça marche.

À l’origine, viens-tu d’une famille scientifique?

Oui et non. Mon père a fait une formation d’ingénieur puis est devenu commercial. Ma mère est guitariste et prof de guitare. Mais j’ai toujours été encouragée. Jamais mes parents ne m’ont freinée parce que j’étais une fille.

Quel a été ton cursus ?

En terminale, j’étais dans les premières de la classe. J’ai intégré une grande prépa parisienne, j’étais la seule fille de mon lycée à le faire. Il y avait un vrai choc culturel en arrivant. La plupart des filles du lycée se dirigeaient vers la médecine ou la biologie. C’est une orientation plus “féminine”, paraît-il.

"Je crois que je suis une artiste très cartésienne."

"Jamais mes parents ne m’ont freinée parce que j’étais une fille."

T’es-tu sentie légitime dans ton parcours ?

Je pense que j’ai toujours eu cette pression de devoir être irréprochable. Pas forcément parce que j’étais une femme, mais aussi parce que je venais d’un petit lycée de campagne. J’ai une tendance à me dire que je n’ai pas le droit à l’erreur.

Pourquoi as-tu accepté de prendre la parole aujourd’hui ?

J'ai plutôt tendance à me cacher et je participe rarement à ce genre de choses. Mais, parfois, il m’arrive d’entendre des remarques de quelques-unes de mes passagères Blablacar qui me font réagir. Parfois, elles me demandent ce que je fais dans la vie. Lorsqu’elles apprennent que je suis ingénieure électronicienne, elles me répondent : “Mais tu n'as pas du tout la tête de l'emploi.” C’est vrai que j’ai vu peu de femmes dans mon domaine avoir mon look mais, pour moi, c'est très cohérent.

S’il y a des adolescentes (ou des adultes) qui peuvent se sortir 2-3 clichés de la tête en me voyant, ce serait cool. Je suis quelqu'un de très carré. Rigoureuse mais pas austère (sourire).

La peinture et la musique continuent-elles d’occuper une place importante dans ta vie ?

Oui, je n’ai jamais arrêté la peinture. Je suis chanteuse aussi. Je fais du chant jazz, rock, métal, scream ... J’ai tout appris par la technique. Rien ne m’est venu naturellement. Il m’a fallu voir un larynx en coupe pour comprendre. Mon corps a appris comment le faire. C’est venu comme ça. Et c'est ça que j'aime explorer.

Tu n’arrêtes jamais en fait ?

Oui, j’aimerais bien ajouter plus d’heures à mes journées et surtout dormir plus. J’ai toujours envie de faire beaucoup de choses mais je ne suis pas hyperactive.

Et la suite, comment l’envisages-tu ?

Pour l’instant, je m’épanouis dans ce que je fais. J’ai découvert le design de cartes électroniques sur le tard, et j’adore ça. C’est un domaine méconnu, peu valorisé, mais passionnant. Je n’ai pas l'impression d'en avoir fait le tour pour l'instant. C’est une compétence que je veux développer. Et puis c'est cool de se dire qu'on va participer à des satellites, à des missions scientifiques, à des choses assez extraordinaires. Pour moi, c’est une vraie motivation.

"S’il y a des adolescentes (ou des adultes) qui peuvent se sortir 2-3 clichés de la tête en me voyant, ce serait cool. "