Valentina
Monteuse

À 40 ans, Valentina a quitté l’univers de la cosmétique pour celui de l’industrie aéronautique. Un vrai changement ! Même si elle ne connaissait rien à ce nouveau monde, Valentina a foncé. Aujourd’hui, elle est monteuse chez Safran, l’un des leaders français dans les domaines de l’aéronautique, de l'espace et de la défense. Elle trouve du plaisir dans la rigueur et se sent enfin à sa place.

“Je viens au travail sans boule au ventre. C’est la première fois que je me sens aussi bien.”
Fermer
Fermer le portrait
Valentina
Monteuse
“Je viens au travail sans boule au ventre. C’est la première fois que je me sens aussi bien.”

À 40 ans, Valentina a quitté l’univers de la cosmétique pour celui de l’industrie aéronautique. Un vrai changement ! Même si elle ne connaissait rien à ce nouveau monde, Valentina a foncé. Aujourd’hui, elle est monteuse chez Safran, l’un des leaders français dans les domaines de l’aéronautique, de l'espace et de la défense. Elle trouve du plaisir dans la rigueur et se sent enfin à sa place.

Qui est Valentina ?

• Valentina a travaillé pendant vingt ans dans la cosmétique avant de se reconvertir dans l'industrie.

• Elle est entrée chez Safran sans formation technique, mais avec une volonté de fer.

• Elle est aujourd’hui monteuse sur îlot.

• Elle n’a jamais été freinée par le fait d’être une femme qui travaille dans un atelier très masculin.

• Son état d’esprit: “Ce n’est pas une reconversion : c’est une renaissance.”

Que fais-tu précisément chez Safran?

Je suis monteuse. Concrètement, j’assemble plusieurs pièces pour obtenir la pièce finale qu’on me demande. Ça peut être un interrupteur, un câble ou un moteur électrique. Je travaille aussi bien pour la réparation que pour les clients extérieurs. Chaque jour, j’ai la chance d’apprendre quelque chose de nouveau.

Tu as toujours travaillé dans l’industrie ?

Pas du tout. Pendant presque vingt ans, j’étais dans la cosmétique, le commerce, la vente…J’aimais ce métier. Mais quand je suis devenue maman, ça n’était plus trop compatible. Mon travail empiétait trop sur ma vie privée. Alors j’ai cherché pendant deux ans ce que je pourrais faire et qui pourrait me plaire. C’est comme ça que je me suis lancée dans l’industrie. J’ai changé les pinceaux pour les marteaux (sourire).

Tu es passée par une formation ?

J’avais postulé pour une formation de dix mois chez Safran, pour obtenir un CQPM (Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie). Mais la formation a été annulée quinze jours avant le jour J. Néanmoins, ils m’ont permis d’entrer comme intérimaire, avec des formations en interne. C’est comme ça qu’on a débuté notre histoire.

Notre histoire ?

Oui, c’est une vraie histoire. Ça va faire un an et demi. Je suis arrivée en tant qu'intérimaire et je suis passée en CDI au bout de cinq ou six mois.

Comment as-tu été accueillie ?

Super bien. Franchement, je m’étais mise des barrières. Je pensais que j’allais être la fille qu’on met au poste le plus simple. Et finalement pas du tout. Je ne me suis pas sentie pointée du doigt. Je n’étais pas la fille qui arrive de nulle part avec son expérience dans les produits de beauté.

Mais il t’a fallu apprendre un nouveau métier ?

C'est vrai qu'à 40 ans, quand j'ai décidé de faire la reconversion professionnelle, je me disais que ça n'allait pas être tout simple parce que forcément tu repars de zéro. Et moi, je partais vraiment de zéro, je ne savais même pas lire un plan. Donc, on m'a donné la possibilité aussi de faire des formations en extérieur, pas que des formations sur poste. Depuis 18 mois, j'apprends tous les jours.

"J’ai changé les pinceaux pour les marteaux."

" Franchement, je m’étais mise des barrières."

Il y a beaucoup de femmes dans l’atelier ?

Non, il y a beaucoup plus d’hommes - environ 90 % - mais toute femme est la bienvenue. Depuis que je suis arrivée, il y en a trois de plus. Il faut dépasser les préjugés qui persistent. Par le passé j’ai pu entendre: “Tu n’as rien à faire là, c’est un milieu d’hommes. Ce n’est pas ta place. Va travailler dans les bureaux.” Oui, sauf que j'ai tenté et ça ne me convient pas.

Tu as eu beaucoup de découragements ?

Oui. Même parmi mes amis. Ils me disaient: “Il faut avoir une carrure de camionneur. Toi, tu es une mirguette (une petite souris), ce n’est pas pour toi.” C’est complètement faux. On peut tout à fait être féminine et travailler dans un atelier. Bien sûr, on n’a pas le même gabarit que les garçons mais on a aussi bien plus de patience (sourire).

Et visiblement, tu t’y sens bien ?

Oui, je viens tous les matins avec le sourire et l’envie d’apprendre. Et surtout pas de boule au ventre. C’est la première fois que je me sens aussi bien. Ce côté bienveillant, encadrant, je ne l’ai jamais trouvé autre part.

Comment vois-tu la suite ?

Déjà, j’aimerais découvrir d’autres produits. Et pourquoi pas évoluer ? Chez Safran, on peut rester monteur ou évoluer vers la qualité, la coordination, le management. Tout est possible.

Tu parles souvent de plaisir…

Oui, il faut venir au travail en se disant : “Je ne me suis pas ennuyée, ça me plaît.” Et c’est ce que je ressens ici. Je ne m’ennuie pas. Et moi, il faut que je trouve du plaisir dans mon travail.

Quels avantages vois-tu avec ton précédent métier ?

Les salaires sont attractifs, les avantages aussi. La vie perso est prise en compte. On a des horaires fixes mais aussi variables, des vacances respectées et que l’employeur ne nous impose pas. Et surtout, on retrouve une stabilité familiale. Je n’ai jamais connu ça. Chez Safran, on prend en compte la personne dans son ensemble. Au bout d’un an et demi, je n’y vois que des avantages.

"Ce côté bienveillant, encadrant, je ne l’ai jamais trouvé autre part."

"Les salaires sont attractifs, les avantages aussi."

Si tu avais un message pour les jeunes filles ?

Je leur dirai de croire en elles. Elles ont leur place dans l’industrie, comme un homme. Peu importe l’âge, la situation personnelle.
J'ai même des amies qui réfléchissent à partir en reconversion professionnelle parce qu'elles ne sont plus épanouies, parce qu’elles ne sont pas assez payées ou parce que leur métier ne leur a jamais réellement apporté une satisfaction. Là, elles se disent : “Pourquoi pas l’industrie aéronautique ? On n'y avait jamais pensé, mais pourquoi pas ?” Je veux que tout le monde sache que les portes sont vraiment ouvertes aux femmes.