Virginie
Responsable programme

De l’université parisienne à la gestion de projets internationaux en aéronautique, Virginie a tout appris par la force de sa détermination. Refusant les parcours tracés, elle a construit le sien avec sa passion, sa curiosité, son autonomie et sa capacité d’analyse hors norme. Son énergie est sincère et son optimisme contagieux. Interview à lire, personnalité à suivre.

Les profs me disaient : “Tu es une femme, ce n’est pas gagné.”
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Virginie
Responsable programme
Les profs me disaient : “Tu es une femme, ce n’est pas gagné.”

De l’université parisienne à la gestion de projets internationaux en aéronautique, Virginie a tout appris par la force de sa détermination. Refusant les parcours tracés, elle a construit le sien avec sa passion, sa curiosité, son autonomie et sa capacité d’analyse hors norme. Son énergie est sincère et son optimisme contagieux. Interview à lire, personnalité à suivre.

Qui est Virginie ?

• Virginie a grandi à Paris, fait des études de mécanique des fluides avant de soutenir une thèse dans le domaine des énergies.

• Elle est arrivée dans l’industrie par hasard, mais son parcours est assez remarquable entre qualité, gestion de crise et management international.

• Elle a dirigé des équipes dispersées sur plusieurs continents sans jamais perdre de vue le terrain.

• Maman de trois enfants, elle n’a jamais vu sa maternité comme un frein…et son entourage professionnel non plus.

• Son état d’esprit : “On se jette dans le grand bain et il faut trouver des solutions.”

Quand avez-vous découvert que l’industrie allait devenir votre monde ?

Lorsque j'étais petite, je voulais être pilote d’avion. Puis banquière. Puis chercheuse.
J’allais beaucoup au Salon international de l'aéronautique et de l'espace au Bourget. J’allais dans les avions de chasse et les hélicoptères. Mais je me suis vite aperçue que je n'avais pas la bonne taille pour pouvoir faire ce genre de métiers. Toutefois, cet univers continuait de me fasciner, la mécanique particulièrement. J’aimais comprendre comment quelque chose fonctionnait. Et je me suis dit que, finalement, l’industrie avait pas mal de sens par rapport à mes envies.

Vous avez choisi une voie universitaire.

Oui, c’est là que j’ai commencé à étudier les turbines d'avion et les moteurs de voiture. Ensuite, j’ai préparé un DEA Conversion de l’énergie (équivalent Master 2) avant de le prolonger par une thèse. Mes profs m’encourageaient à la faire. Ils me disaient: “Ce serait bien que tu continues un peu plus loin qu’un DEA car tu auras face à toi des diplômés d’écoles d’ingénieur. En plus, tu es une femme… et ce n'est pas gagné.” Je pense qu'ils avaient raison.

Quel était l’objet de cette thèse ?

C’était une thèse expérimentale sur la visualisation du spray dans un moteur diesel. Je voulais voir comment les gouttelettes se dispersent et comment on peut améliorer ce spray pour que le mélange au moment de l'explosion soit le plus parfait et le moins polluant possible. Cette étude a apporté de la donnée expérimentale à des équipementiers qui l’utilisent aujourd’hui pour pouvoir modéliser leurs moteurs.

Après votre thèse…

… je n’avais pas envie de remonter à Paris. Je travaillais au cœur de Toulouse et je me suis dit qu’il était dommage d’avoir fait des études sur les moteurs de voiture alors que je me retrouvais au cœur du bassin aéronautique français

Sauf qu’on est en 2008.

Oui, au cœur de la crise financière. À chaque fois que j'allais en entretien, les premiers se passaient toujours bien. Mais, au fur et à mesure, on me disait que les projets s'arrêtaient. J'étais un peu désespérée. J'ai donc été recrutée par une agence d’intérim et mon interlocutrice m'a dit: “On va essayer l'aéronautique, voir si votre profil pourrait les intéresser.” Très rapidement, j'ai été recrutée dans une entreprise qui produisait des harnais électriques pour les avions. Je ne savais pas ce que c'était un harnais électrique au moment où je suis arrivée à l'entretien.

À quel moment vous êtes-vous dit quevous aviez trouvé votre place ?

Certainement quand on m’a confié la gestion d’une équipe de dix personnes réparties entre Toulouse, Villemur, Saint-Nazaire et Hambourg. C’était vraiment très enrichissant. Et puis après j’ai mené des projets internationaux : l’Australie, le Brésil, l’Europe, l’Afrique du Nord… Et cela aussi m’a particulièrement plu : travailler avec plein de cultures différentes.

"L’industrie avait pas mal de sens par rapport à mes envies."

"Et cela aussi m’a particulièrement plu : travailler avec plein de cultures différentes."

Vous avez aussi traversé une période difficile. On peut en parler ?

Oui, après m’être séparée de mon conjoint, j’ai eu un chef absent, un client mécontent et je me suis retrouvée seule. J’ai fait un bilan de compétences et la consultante m’a dit : “Virginie, allez chez le médecin”. J’étais au bord du burn-out. Il y aurait eu un matin où je n’aurais peut-être plus eu la force de me lever.

Comment en êtes-vous sortie ?

J’ai mis cinq mois à reprendre pied. Mais lorsque j’ai décidé de me remettre sur le marché du travail, j’ai eu plusieurs appels. Et parmi eux, Mecachrome. J’ai donc démarré cette nouvelle aventure en janvier 2024.

Aujourd’hui, vous êtes la seule femme de votre équipe ?

Oui, aujourd’hui, je suis la seule femme au niveau des programmes, et dans mon équipe de chefs de projets, une seule personne sur cinq est une femme. Globalement, les instances dirigeantes comptent encore peu de femmes. De manière générale, je ne sais pas si être la seule c’est une question de chance ou de mérite. Je préfère dire que j’ai eu la chance de rencontrer des personnes bienveillantes et de bénéficier de belles opportunités.

Être une femme ou avoir des enfants a-t-il été un frein dans votre carrière ?

Non, je n’ai jamais été bloquée parce que j’étais maman. J’ai eu des chefs bienveillants et je ne me suis pas posé un milliard de questions. J’ai dit : “Ok, allons-y, on verra bien”.

Si c’était à refaire ?

Je pense que je ne changerais rien. Je resterais comme ça. Je regrette rarement ce que je fais, parce que je ne fais pas les choses à contre-cœur.

Un dernier mot pour les jeunes femmes qui hésitent à aller dans l’industrie ?
Il faut juste qu’on cesse avec les a priori de l’ancien temps. Aujourd’hui, genrer les postes, c’est vraiment obsolète. Si les femmes postulent, croyez-moi, elles seront à la hauteur de ce qui est exigé. Les hommes acceptent de leur faire de la place sur des postes plus élevés.
Les comportements évoluent et le mouvement s’accélère. Je crois bien que tout cela va s’effacer au fil du temps. (sourire)

"Non, je n’ai jamais été bloquée parce que j’étais maman."

"Aujourd’hui, genrer les postes, c’est vraiment obsolète. "